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PER … atouts et faiblesses

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Atouts et faiblesses du PER

par Maxime Gayraud dans le Parisien le 8 novembre 2022

Plus de 6 millions de Français sont déjà titulaires d’un nouveau PER, instauré il y a trois ans. Passage en revue de ses atouts et faiblesses.

 

Une nouvelle jeunesse pour l’épargne retraite. Lancé le 1 er octobre 2019, le plan d’épargne retraite (PER) nouvelle formule cartonne, au-delà des espérances. Ainsi, au 30 juin dernier, plus de 6 millions de personnes en bénéficiaient déjà alors que l’objectif, lors du vote de la loi Pacte, était de 3 millions à fin 2022. Idem pour les encours. L’objectif de 50 milliards d’euros (Mds€) pour fin 2022 a été largement dépassé avec 70 Mds€ fin juin : 10,7 Mds€ pour les PER d’entreprise collectifs, 15,7 Mds€ pour les obligatoires et, surtout, 43,6 Mds€ dans le cas des individuels.

 
« Jusqu’à présent, il y avait toujours un élément qui faisait que l’épargne retraite ne décollait pas vraiment, explique Ludovic Herschlikovitz, fondateur du portail spécialisé Retraite.com. Là, les pouvoirs publics et les assureurs ont su trouver un produit qui permet à tout le monde d’y trouver son compte. » Décryptage des avantages et des points de vigilance du PER individuel.

La simplicité

PERP pour les salariés, Madelin pour les indépendants, Préfon pour les fonctionnaires, Perco et « article 83 » pour les entreprises, ou encore Corem… Ces anciens plans, aux noms indigestes, ne sont plus commercialisés depuis trois ans et le lancement du nouveau PER. « Son principal intérêt est d’avoir clarifié tous ces produits, constate ainsi Ludovic Herschlikovitz. Maintenant, il y a une enveloppe, le PER, qui regroupe tous les contrats liés à la retraite sous trois catégories. Le PER individuel et deux PER d’entreprise : collectif et catégoriel. »

La flexibilité

Au-delà de l’abondement initial, les versements sur le PER individuel sont volontaires, c’est-à-dire qu’ils peuvent être augmentés ou suspendus en cas de besoin, contrairement à l’assurance vie dont le montant des primes à verser est souvent fixé dans le contrat. Mais cette dernière peut être fermée à la discrétion du titulaire, contrairement au PER qui est « un produit à tunnel fermé, c’est-à-dire que, quand vous l’avez ouvert, vous ne pouvez pas le clôturer avant la retraite, sauf cas exceptionnels », concède le patron de Retraite.com.
La liste de ces cas est large : invalidité, divorce, expiration des droits à l’assurance chômage, situation de surendettement… S’y ajoute désormais l’achat de la résidence principale. En parallèle, les modes de déblocage ont aussi été assouplis. La sortie se fait désormais à la carte : en rente, en capital, ou un mix des deux. « Les épargnants veulent avoir l’opportunité, même s’ils ne le font pas, de sortir tout leur argent avant la fin de leur vie. »

La fiscalité

C’est l’autre point fort du PER. Les versements au cours d’une année sont déductibles du revenu imposable dans la limite de 4 114 €, ou 10 % des revenus professionnels si ce plafond est plus élevé. Concrètement, si vous êtes dans la tranche d’imposition à 30 % et que vous avez versé 1 000 € sur votre PER, vous pourrez économiser 300 € d’impôts.
Mais attention, vous serez tout de même imposé à la sortie, que ce soit sous forme de rente ou de capital. « La différence, c’est qu’à la retraite, les revenus diminuent fortement, d’environ 50 %. Par exemple, si on était dans une tranche d’imposition à 30 % à l’entrée, on sera peut-être dans celle à 11 % au moment de la sortie. On paiera alors moins d’impôts sur une somme pourtant plus importante puisqu’elle aura fructifié. »
Mais attention : il faut bien étudier les options de sortie de son PER, une sortie en une fois en capital pouvant coûter cher sur le plan fiscal : la somme rentrera, en effet, dans votre revenu imposable et aura un impact à la hausse sur votre taux d’imposition.

Attention aux frais et au mode de gestion

D’autres éléments sont à prendre en compte. D’abord, les frais. Chez les acteurs en ligne, ils sont le plus souvent nuls sur les versements et plus bas en gestion que pour les acteurs traditionnels. Mais ces derniers n’ont pas à rougir côté performance.
Vous serez aussi amené à choisir votre mode de gestion. Les épargnants peuvent opter pour la gestion libre : ils déterminent alors eux-mêmes leurs placements. Sinon, ils sont, par défaut, en « gestion pilotée à horizon », avec le choix entre trois profils — prudent, équilibré ou dynamique — selon leur appétence pour le risque. « Ensuite, l’assureur va gérer, décrypte Ludovic Herschlikovitz. Plus vous êtes jeune, plus vous serez sur des placements risqués car, à long terme, c’est ce qui marche le mieux. Et plus vous vous rapprochez de la retraite, plus il va y avoir une réallocation de vos actifs vers des supports sécurisés. »
Mais au fait, à quel âge ouvrir un PER ? Dans l’idéal, le plus tôt possible. Dans la réalité, les épargnants s’y mettent plutôt à la quarantaine. Pourtant, il n’y a pas d’âge pour en souscrire un. « Vous pouvez même en ouvrir un à votre enfant mineur, note le patron de Retraite.com. Vous avez un avantage fiscal et, contrairement à une assurance vie, votre progéniture ne pourra débloquer les fonds que dans les cas édictés par la loi. » Maintenant, il ne vous reste plus qu’à jouer à qui PER gagne.